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j’aime mieux m’en prendre à un autre qu’à toi.

— Mon ami, dit Françoise d’une voix douce et ferme, tu t’abuses si tu crois par la violence imposer à un homme vénérable qui, depuis vingt ans, s’est chargé de mon salut ; c’est un vieillard respectable.

— Il n’y a pas d’âge qui tienne…

— Grand Dieu !… où vas-tu ? Tu es effrayant !

— Je vais à ton église… tu dois y être connue… Je demanderai ton confesseur, et nous verrons.

— Mon ami… je t’en supplie, s’écria Françoise avec épouvante en se jetant au-devant de Dagobert, qui se dirigeait vers la porte ; songe à quoi tu t’exposes… Mon Dieu !… outrager un prêtre… Mais tu ne sais donc pas que c’est un cas réservé !

Ces derniers mots étaient ce que, dans sa candeur, la femme de Dagobert croyait pouvoir lui dire de plus redoutable ; mais le soldat, sans tenir compte de ces paroles, se dégagea des étreintes de sa femme, et il allait sortir tête nue, tant était violente son exaspération, lorsque la porte s’ouvrit.

C’était le commissaire de police, suivi de la Mayeux et de l’agent de police portant le paquet saisi sur la jeune fille.