Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lent homme était trop brave pour commettre une lâche cruauté. Après cet élan de fureur involontaire, il laissa Françoise…

Anéantie, elle tomba sur ses deux genoux, joignit les mains, et, au faible mouvement de ses lèvres, on vit qu’elle priait…

Dagobert eut alors un moment d’étourdissement, de vertige ; sa pensée lui échappait ; tout ce qui lui arrivait était si soudain, si incompréhensible, qu’il lui fallut quelques minutes pour se remettre, pour bien se convaincre que sa femme, cet ange de bonté dont la vie n’était qu’une suite d’adorables dévouements, sa femme qui savait ce qu’étaient pour lui les filles du maréchal Simon, venait de lui dire : « Ne m’interroge pas sur leur sort, je ne peux te répondre. »

L’esprit le plus ferme, le plus fort, eût vacillé devant ce fait, inexplicable, renversant.

Le soldat, reprenant un peu de calme, et envisageant les choses avec plus de sang-froid, se fit ce raisonnement sensé :

« Ma femme peut seule m’expliquer ce mystère inconcevable… Je ne veux ni la battre ni la tuer ;… employons donc tous les moyens possibles pour la faire parler, et surtout tâchons de nous contenir.

Dagobert prit une chaise, en montra une