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traîtreusement et à pas lents de Rabat-Joie, qui se tenait toujours sous le porche.

— Viens, mon garçon… viens… ici, mon bon chien…, dit Nicolas en frappant sur sa cuisse de la main gauche, et tenant de sa main droite le merlin caché derrière lui.

Rabat-Joie se leva, examina attentivement Nicolas, puis devinant sans doute à sa démarche que le portier méditait quelque méchant dessein, d’un bond il s’éloigna… tourna l’ennemi, vit clairement ce dont il s’agissait et se tint à distance.

— Il a éventé la mèche, dit Nicolas, le gueux se défie… il ne se laissera pas approcher… c’est fini.

— Tenez… vous n’êtes qu’un maladroit ! dit madame Grivois furieuse, et elle jeta cinq francs à Nicolas ; mais au moins chassez-le d’ici…

— Ça sera plus facile que de le tuer, cela, madame.

En effet, Rabat-Joie, poursuivi et reconnaissant probablement l’inutilité d’une lutte ouverte, quitta la cour et gagna la rue ; mais, une fois là, se sentant pour ainsi dire sur un terrain neutre, malgré les menaces de Nicolas, il ne s’éloigna de la porte qu’autant qu’il le fallait pour être à l’abri du merlin.