Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rose et Blanche avaient parlé à la femme de Dagobert d’une dame venue en son absence pour une affaire très-importante ; d’ailleurs, instruite par son confesseur, Françoise ne pouvait douter que cette femme ne fût la personne chargée de conduire Rose et Blanche dans une maison religieuse.

Son angoisse était terrible ; bien décidée à suivre les conseils de l’abbé Dubois, elle craignait qu’un mot de madame Grivois ne mît Dagobert sur la voie ; alors tout espoir était perdu ; alors les orphelines restaient dans cet état d’ignorance et de péché mortel dont elle se croyait responsable.

Dagobert, qui tenait entre ses mains les mains de Rose et de Blanche, se leva dès que la femme de confiance de madame de Saint-Dizier entra, et sembla interroger Françoise du regard.

Le moment était critique, décisif ; mais madame Grivois avait profité des exemples de la princesse de Saint-Dizier ; aussi prenant résolument son parti, mettant à profit la précipitation avec laquelle elle avait monté les quatre étages après son odieuse dénonciation contre la Mayeux, et l’émotion que lui causait la vue si inattendue de Dagobert donnant à ses traits une vive expression d’inquiétude et de chagrin, elle s’écria d’une voix altérée après un moment