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ses idées se sont troublées, et dans son délire… c’était encore vous… qu’elle appelait…

— Oui, dit le marquis avec amertume, son instinct maternel lui disait sans doute que ma présence aurait peut-être pu la rendre à la vie…

— Je vous en prie… oubliez de si tristes souvenirs… Ce malheur est irréparable.

— Une dernière fois, répétez-le-moi… vraiment, ma mère n’a pas été cruellement affectée de mon absence ?… Elle n’a pas soupçonné qu’un devoir plus impérieux m’appelait ailleurs ?

— Non, non, vous dis-je… lorsque sa raison s’est troublée, elle savait que vous n’aviez pas encore eu le temps d’être rendu près d’elle… Tous les tristes détails que je vous ai écrits à ce sujet sont de la plus exacte vérité. Ainsi rassurez-vous…

— Oui… ma conscience devrait être tranquille… j’ai obéi à mon devoir en sacrifiant ma mère, et pourtant, malgré moi, je n’ai jamais pu parvenir à ce complet détachement qui nous est commandé par ces terribles paroles : Celui qui ne hait pas son père, et sa mère et jusqu’à son âme, ne peut être mon disciple[1].

  1. À propos de cette recommandation, on trouve ce commentaire dans les Constitutions des Jésuites : « Pour