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une main s’appuya rudement sur son épaule.

C’était le sergent de ville, suivi d’un agent de police, qui accourait au bruit.

La Mayeux, aussi surprise qu’effrayée, se retourna.

Elle se trouvait déjà au milieu d’un rassemblement, surtout composé de cette hideuse populace oisive et déguenillée, mauvaise et effrontée, abrutie par l’ignorance, par la misère, et qui bat incessamment le pavé des rues. Dans cette tourbe, on ne rencontre presque jamais d’artisans, car les ouvriers laborieux sont à leur atelier ou à leurs travaux.

— Ah çà ! tu n’entends donc pas ?… tu fais comme le chien de Jean de Nivelle, dit l’agent de police, en prenant la Mayeux si rudement par le bras qu’elle laissa tomber son paquet à ses pieds.

Lorsque la malheureuse enfant, jetant avec crainte les yeux autour d’elle, se vit le point de mire de tous ces regards insolents, moqueurs ou méchants, lorsqu’elle vit le cynisme ou la grossièreté grimacer sur toutes ces figures ignobles, crapuleuses, elle frémit de tous ses membres et devint d’une pâleur effrayante.

L’agent de police lui parlait sans doute grossièrement ; mais comment parler autrement à une pauvre fille contrefaite, pâle, effarée, aux