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XV


Les apparences.


Après avoir encore rassuré les deux orphelines, la Mayeux descendit à son tour, non sans peine, car elle était montée chez elle, afin d’ajouter au paquet, déjà lourd, une couverture de laine, la seule qu’elle possédât, et qui la garantissait un peu du froid dans son taudis glacé.

La veille, accablée d’angoisse sur le sort d’Agricol, la jeune fille n’avait pu travailler ; les tourments de l’attente, de l’espoir et de l’inquiétude l’en avaient empêchée ; sa journée allait encore être perdue, et pourtant, il fallait vivre.

Les chagrins accablants qui brisent chez le pauvre jusqu’à la faculté du travail sont doublement terribles ; ils paralysent ses forces, et, avec ce chômage imposé par la douleur, arrivent le dénûment, la détresse.

Mais la Mayeux, ce type complet et touchant