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influents de son ordre, avait, sous la restauration, commandé un régiment de hussards, après avoir fait la guerre avec les Russes contre la France.

Arrivé seulement le matin, le marquis n’avait pas revu la princesse depuis que sa mère à lui, la marquise douairière d’Aigrigny, était morte auprès de Dunkerque, dans une terre appartenant à madame de Saint-Dizier, en appelant en vain son fils pour adoucir l’amertume de ses derniers moments ; mais un ordre, auquel M. d’Aigrigny avait dû sacrifier les sentiments les plus sacrés de la nature lui ayant été subitement transmis de Rome, il était aussitôt parti pour cette ville, non sans un mouvement d’hésitation remarqué et dénoncé par Rodin ; car l’amour de M. d’Aigrigny pour sa mère avait été le seul sentiment pur qui eût constamment traversé sa vie.

Lorsque le valet de chambre se fut discrètement retiré avec madame Grivois, le marquis s’approcha vivement de la princesse, lui tendit la main et lui dit d’une voix émue :

— Herminie… ne m’avez-vous pas caché quelque chose dans vos lettres ?… À ses derniers moments, ma mère m’a maudit ?

— Non, non, Frédérik… rassurez-vous… Elle eût désiré votre présence… Mais bientôt