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propose, ces jeunes filles sont sauvées, elle ne vous sont pas à charge, elles ne partagent pas votre misère, elles sont élevées dans une sainte maison, selon que doivent l’être, après tout, les filles d’un maréchal de France. De sorte que lorsque leur père arrivera à Paris, s’il est digne de les revoir… au lieu de trouver en elles de pauvres idolâtres, à demi sauvages, il trouvera deux jeunes filles pieuses, instruites, modestes, bien élevées, qui, étant agréables à Dieu, pourront invoquer sa miséricorde pour leur père, qui en a bien besoin, car c’est un homme de violence, de guerre et de bataille. Maintenant, décidez. Voulez-vous, au péril de votre âme, sacrifier l’avenir de ces jeunes filles dans ce monde et dans l’autre, à la crainte impie de la colère de votre mari ?

Quoique rude et entaché d’intolérance, le langage du confesseur de Françoise était (à son point de vue à lui) raisonnable et juste, parce que ce prêtre honnête et sincère était convaincu de ce qu’il disait ; aveugle instrument de Rodin, ignorant dans quel but on le faisait agir, il croyait fermement, en forçant, pour ainsi dire, Françoise à mettre ces jeunes filles au couvent, remplir un pieux devoir.

Tel était, tel est d’ailleurs un des plus merveilleux ressorts de l’ordre auquel appartenait