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— Le droit ! mais il ne s’agit pas seulement de droit ; il s’agit pour vous d’un devoir sacré. Ce serait, n’est-ce pas, votre devoir d’arracher ces infortunées du milieu d’un incendie malgré la défense de votre mari ou en son absence. Eh bien ! ce n’est pas d’un incendie qui ne brûle que le corps que vous devez les arracher… c’est d’un incendie où leur âme brûlerait pour l’éternité.

— Excusez-moi, je vous en supplie, si j’insiste, mon père, dit la pauvre femme, dont l’indécision et les angoisses augmentaient à chaque minute, éclairez-moi dans mes doutes… puis-je agir ainsi après avoir juré obéissance à mon mari ?

— Obéissance pour le bien… oui ;… pour le mal, jamais ! et vous convenez vous-même que grâce à lui le salut de ces orphelines serait compromis, impossible peut-être.

— Mais, mon père, dit Françoise en tremblant, lorsqu’il va être de retour, mon mari me demandera où sont ces enfants ?… Il me faudra donc lui mentir ?

— Le silence n’est pas un mensonge ; vous lui direz que vous ne pouvez répondre à sa question.

— Mon mari… est le meilleur des hommes ; mais une telle réponse le mettra hors de lui…