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puis il est indispensable que les jeunes filles rompent toute relation avec votre mari, et, pour cela, il faut qu’il ignore le lieu de leur retraite.

— Mais, mon père, dit Françoise en proie à une hésitation et à un embarras cruel, c’est à mon mari que l’on a confié ces enfants ; et disposer d’elles sans son aveu… c’est…

La voix interrompit Françoise :

— Pouvez-vous, oui ou non, instruire ces jeunes filles chez vous ?

— Non, mon père, je ne le peux pas.

— Sont-elles, oui ou non, exposées à rester dans l’impénitence finale en demeurant chez vous ?

— Oui, mon père, elles y sont exposées.

— Êtes-vous, oui ou non, responsable des péchés mortels qu’elles peuvent commettre, puisque vous remplacez leurs parents ?

— Hélas ! oui, mon père, j’en suis responsable devant Dieu.

— Est-ce, oui ou non, dans l’intérêt de leur salut éternel que je vous enjoins de les mettre au couvent aujourd’hui même ?

— C’est pour leur salut, mon père.

— Eh bien ! maintenant choisissez…

— Je vous en supplie, mon père, dites-moi si j’ai le droit de disposer d’elles sans l’aveu de mon mari.