Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne crois pas, mon père.

— Et c’est leur mère qui les a confiées à votre mari pour les amener en France ?

— Oui, mon père, et il a été obligé de partir hier pour Chartres pour une affaire très-pressée, m’a-t-il dit.

(On se rappelle que Dagobert n’avait pas jugé à propos d’instruire sa femme des espérances que les filles du maréchal Simon devaient fonder sur la médaille, et qu’elles-mêmes avaient reçu du soldat l’expresse recommandation de n’en pas parler même à Françoise.)

— Ainsi, reprit la voix après quelques moments de silence, votre mari n’est pas à Paris ?

— Non, mon père… il reviendra sans doute ce soir, ou demain matin…

— Écoutez, dit la voix après une nouvelle pause, chaque minute perdue pour le salut de ces deux jeunes filles est un nouveau pas qu’elles font dans une voie de perdition… D’un moment à l’autre, la main de Dieu peut s’appesantir sur elles, car lui seul sait l’heure de notre mort ; et mourant dans l’état où elles sont, elles seraient damnées peut-être pour l’éternité ; dès aujourd’hui même, il faut donc ouvrir leurs yeux à la lumière divine… et les mettre dans une maison religieuse… Tel est votre devoir, tel serait votre désir ?