Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Sans religion, dit la voix avec un redoublement de sévérité, ce que vous appelez des qualités sont de vaines apparences ; au moindre souffle du démon elles disparaissent… car le démon demeure au fond de toute âme sans religion.

— Ah ! mon pauvre fils ! dit Françoise en pleurant, je prie pourtant bien chaque jour pour que la foi l’éclaire…

— Je vous l’ai toujours dit…, reprit la voix, vous avez été trop faible pour lui ; à cette heure Dieu vous en punit ; il fallait vous séparer de ce fils irréligieux, ne pas consacrer son impiété en l’aimant comme vous le faites. Quand on a un membre gangrené, a dit l’Écriture, on se le retranche…

— Hélas ! mon père… vous le savez, c’est la seule fois que je vous ai désobéi… je n’ai jamais pu me résoudre à me séparer de mon fils…

— Aussi… votre salut est-il incertain ; mais Dieu est miséricordieux… ne retombez pas dans la même faute au sujet de ces deux jeunes filles que la Providence vous a envoyées pour que vous les sauviez de l’éternelle damnation ; qu’elles n’y soient pas du moins plongées par votre coupable indifférence.

— Ah ! mon père… j’ai bien pleuré, bien prié sur elles…