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somme d’argent, pourquoi prive-t-elle de cet avantage ceux-là surtout pour qui la liberté est indispensable, puisque la liberté, c’est pour eux la vie, l’existence de leurs familles ?

À ce déplorable état de choses, est-il un remède ? Nous le croyons.

Le minimum de la caution exigée par la loi est de cinq cents francs.

Or, cinq cents francs représentent en terme moyen six mois de travail d’un ouvrier laborieux.

Qu’il ait une femme et deux enfants (et c’est aussi le terme moyen de ses charges), il est évident qu’il lui est matériellement impossible d’avoir jamais économisé une pareille somme.

Ainsi, exiger de lui cinq cents francs pour lui accorder la liberté de soutenir sa famille, c’est le mettre virtuellement hors du bénéfice de la loi, lui qui, plus que personne, aurait le droit d’en jouir, de par les conséquences désastreuses que sa détention préventive entraîne pour les siens.

Ne serait-il pas équitable, humain, et d’un noble, d’un salutaire exemple, d’accepter, dans tous les cas où la caution est admise (et lorsque la probité de l’accusé serait honorablement constatée), d’accepter les garanties morales de ceux à qui leur pauvreté ne permet pas d’offrir