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et des siens, ainsi qu’on le verra plus tard.

Et à propos de la détention préventive, qui atteint souvent des ouvriers honnêtes, laborieux, presque toujours poussés à la fâcheuse extrémité des coalitions par l’inorganisation du travail et par l’insuffisance des salaires, il est, selon nous, pénible de voir la loi, qui doit être égale pour tous, refuser à ceux-ci ce qu’elle accorde à ceux-là… parce que ceux-là peuvent disposer d’une certaine somme d’argent.

Dans plusieurs circonstances, l’homme riche, moyennant caution, peut échapper aux ennuis, aux inconvénients d’une incarcération préventive ; il consigne une somme d’argent ; il donne sa parole de se représenter à un jour fixé, et il retourne à ses plaisirs, à ses occupations ou aux douces joies de la famille…

Rien de mieux : tout accusé est présumé innocent ; on ne saurait trop se pénétrer de cette indulgente maxime.

Tant mieux pour le riche, puisqu’il peut user du bénéfice de la loi.

Mais le pauvre ?…

Non seulement il n’a pas de caution à fournir, car il n’a d’autre capital que son labeur quotidien, mais c’est surtout pour lui, pauvre, que les rigueurs d’une incarcération préventive sont funestes, sont terribles…