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— Et mon fils ? dit Françoise en se relevant après être restée longtemps agenouillée, pourquoi a-t-il passé la nuit dehors ? tu savais donc où le trouver, ma bonne Mayeux ?… Va-t-il venir bientôt ?… pourquoi tarde-t-il ?

— Madame Françoise, je vous assure qu’Agricol se porte bien ; mais je dois vous dire que d’ici à quelque temps…

— Eh bien…

— Voyons, madame, du courage.

— Ah ! mon Dieu !… je n’ai pas une goutte de sang dans les veines… Qu’est-il donc arrivé ?… pourquoi ne le verrai-je pas ?

— Hélas ! madame… il est arrêté !

— Arrêté ! s’écrièrent Rose et Blanche avec effroi.

— Que votre volonté soit faite en toute chose, mon Dieu, dit Françoise, mais c’est un bien grand malheur… Arrêté… lui… si bon… si honnête… Et pourquoi l’arrêter ?… il faut donc qu’il y ait une méprise ?

— Avant-hier, reprit la Mayeux, j’ai reçu une lettre anonyme ; on m’avertissait qu’Agricol pouvait être arrêté d’un moment à l’autre, à cause de son Chant des Travailleurs ; nous sommes convenus avec lui qu’il irait chez cette demoiselle si riche de la rue de Babylone, qui lui avait offert ses services ; Agricol devait lui