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vous êtes entré… C’est qu’alors, vous concevez… moi, je ne savais pas…

À ces paroles brèves, entrecoupées de sanglots et prononcées avec une sorte d’égarement fiévreux, succédèrent quelques minutes de silence pendant lesquelles le médecin profondément ému essuya ses larmes.

Ses forces étaient à bout.

Adrienne avait caché sa figure dans ses mains ; tout à coup elle redressa la tête ; ses traits étaient plus calmes, quoique agités par un tremblement nerveux.

— M. Baleinier, dit-elle avec une dignité touchante, je ne sais pas ce que je vous ai dit tout à l’heure ; la crainte me faisait délirer, je crois ; je viens de me recueillir. Écoutez-moi : je suis en votre pouvoir, je le sais ; rien ne peut m’en arracher… je le sais ; êtes-vous pour moi un ennemi implacable ?… êtes-vous un ami ? je l’ignore ; craignez-vous réellement, ainsi que vous l’assurez, que ce qui n’est chez moi que bizarrerie à cette heure ne devienne de la folie plus tard ? ou bien êtes-vous complice d’une machination infernale ?… vous seul savez cela… Malgré mon courage, moi, je me déclare vaincue. Quoi que ce soit qu’on veuille de moi… vous entendez ?… quoi que ce soit… j’y souscris d’avance… j’en donne ma parole, et elle