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comprendrez donc maintenant ce que je vous disais tout à l’heure : en un mot, n’espérez pas sortir d’ici avant votre complète guérison, et persuadez-vous bien que je suis et que je serai toujours à l’abri de vos menaces… Ceci bien établi… parlons de votre état actuel avec tout l’intérêt que vous m’inspirez.

— Je trouve, monsieur… que si je suis folle vous me parlez bien raisonnablement.

— Vous, folle !… grâce à Dieu… ma pauvre enfant… vous ne l’êtes pas encore… et j’espère bien que, par mes soins, vous ne le serez jamais… Aussi, pour vous empêcher de le devenir, il faut s’y prendre à temps… et, croyez-moi, il est plus que temps… Vous me regardez d’un air tout surpris… tout étrange… Voyons… quel intérêt puis-je avoir à vous parler ainsi ? Est-ce la haine de votre tante que je favorise ? Mais dans quel but ? Que peut-elle pour ou contre moi ? Je ne pense d’elle à cette heure ni plus ni moins de bien qu’hier. Est-ce que je vous tiens à vous-même un langage nouveau ?… Ne vous ai-je pas hier plusieurs fois parlé de l’exaltation dangereuse de votre esprit, de vos manies bizarres ? J’ai agi de ruse pour vous amener ici… Eh, sans doute ! j’ai saisi avec empressement l’occasion que vous m’offriez vous-même… c’est encore vrai, pauvre chère enfant…