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— Vos gardiennes, dans leur rapport de cette nuit, m’ont aussi parlé de menaces, reprit M. Baleinier toujours très-froidement ; n’en avez-vous pas à m’adresser également ? Tenez, ma chère enfant, croyez-moi, épuisons tout de suite les tentatives de corruption et les menaces de vengeance… Nous retomberons ensuite dans le vrai de la situation.

— Ah ! mes menaces sont vaines ! s’écria mademoiselle de Cardoville, en laissant enfin éclater son emportement jusqu’alors contenu. Ah ! vous croyez, monsieur, qu’à ma sortie d’ici, car cette séquestration aura un terme, je ne dirai pas à haute voix votre indigne trahison ! Ah ! vous croyez que je ne dénoncerai pas au mépris, à l’horreur de tous, votre infâme complicité avec madame de Saint-Dizier !… Ah ! vous croyez que je tairai les affreux traitements que j’ai subis ! Mais si folle que je sois, je sais qu’il y a des lois, monsieur, et je leur demanderai réparation éclatante pour moi, honte, flétrissure et châtiment pour vous et pour les vôtres !… Car, entre nous… voyez-vous, ce sera désormais une haine… une guerre à mort… et je mettrai à la soutenir tout ce que j’ai de force, d’intelligence et de…

— Permettez-moi de vous interrompre, ma chère mademoiselle Adrienne, dit le docteur