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Enfin, délaissé par tous sans avoir jamais pu s’expliquer ce délaissement, souffrant atrocement du sort de la femme qui avait été perdue pour lui, il devint fou de douleur, de rage, de désespoir, et se tua…

Le jour de sa mort, madame de Saint-Dizier dit qu’une vie aussi honteuse devait avoir nécessairement une pareille fin ; que celui qui pendant si longtemps s’était fait un jeu des lois divines et humaines ne pouvait terminer sa misérable vie que par un dernier crime… le suicide !… Et les amis de madame de Saint-Dizier répétèrent et colportèrent ces terribles paroles d’un air contrit, béat et convaincu.

Ce n’était pas tout, à côté du châtiment se trouvait la récompense.

Les gens qui observent remarquaient que les favoris de la coterie religieuse de madame de Saint-Dizier arrivaient à de hautes positions avec une rapidité singulière. Les jeunes gens vertueux, et puis religieusement assidus aux prônes, étaient mariés à de riches orphelines du Sacré-Cœur que l’on tenait en réserve ; pauvres jeunes filles qui, apprenant trop tard ce que c’est qu’un mari dévot, choisi et imposé par des dévotes, expiaient souvent par des larmes bien amères la trompeuse faveur d’être ainsi admises parmi ce monde hypocrite et faux où