Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ainsi… monsieur, dit Adrienne d’une voix tremblante de colère, je ne sortirai pas d’ici encore aujourd’hui ?

— Hélas ! non… avec des exaltations pareilles… si vous saviez comme vous avez le visage enflammé… les yeux ardents !… votre pouls doit avoir quatre-vingts pulsations à la minute ;… je vous en conjure, ma chère enfant, n’aggravez pas votre état par cette fâcheuse agitation…

Après avoir regardé fixement le docteur, Adrienne revint d’un pas lent se rasseoir au bord de son lit.

— À la bonne heure, reprit M. Baleinier, soyez raisonnable… et je vous le dis encore, causons en bons amis.

— Vous avez raison, monsieur, répondit Adrienne d’une voix brève, contenue et d’un ton parfaitement calme, causons en bons amis… Vous voulez me faire passer pour folle… n’est-ce pas ?

— Je veux, ma chère enfant, qu’un jour vous ayez pour moi autant de reconnaissance que vous avez d’aversion… et cette aversion, je l’avais prévue ; mais, si pénibles que soient certains devoirs, il faut se résigner à les accomplir, dit M. Baleinier en soupirant, et d’un ton si naturellement convaincu, qu’A-