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vraient son visage baigné de larmes, elle se vit, en reprenant tout à fait ses esprits, elle se vit demi-nue entre ces deux affreuses mégères.

Adrienne poussa d’abord un cri de honte, de pudeur et d’effroi ; puis afin d’échapper aux regards de ces deux femmes, par un mouvement plus rapide que la pensée, elle renversa brusquement la lampe qui était placée sur la tablette du chevet de son lit et qui s’éteignit en se brisant sur le parquet.

Alors, au milieu des ténèbres, la malheureuse enfant, s’enveloppant dans ses couvertures, éclata en sanglots déchirants…

Les gardiennes s’expliquèrent le cri et la violente action d’Adrienne en les attribuant à un accès de folie furieuse.

— Ah ! vous recommencez à éteindre et à briser les lampes… il paraît que c’est là votre idée à vous ? s’écria la Thomas courroucée en marchant à tâtons dans l’obscurité ; bon… je vous ai avertie… vous allez avoir cette nuit la camisole comme la folle de là-haut.

— C’est ça, dit l’autre, tiens-la bien, la Thomas, je vais aller chercher de la lumière… à nous deux nous en viendrons à bout.

— Dépêche-toi… car avec son petit air doucereux… il paraît qu’elle est tout bonnement