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Pendant que l’une des gardiennes la soutenait, l’autre dégrafait et ôtait la robe de drap de la jeune fille ; celle-ci penchait languissamment sa tête sur sa poitrine. Quoique évanouie, deux grosses larmes coulaient lentement de ses grands yeux fermés, dont les longs cils noirs faisaient ombre sur ses joues d’une pâleur transparente… Son cou et son sein d’ivoire étaient inondés des flots de soie dorée de sa magnifique chevelure, dénouée lors de sa chute…

Lorsque, délaçant le corset de satin, moins doux, moins frais, moins blanc que ce corps virginal et charmant qui, souple et svelte, s’arrondissait sous la dentelle et la batiste comme une statue d’albâtre légèrement rosée, l’horrible mégère toucha de ses grosses mains rouges, calleuses et gercées, les épaules et les bras nus de la jeune fille… celle-ci, sans revenir complètement à elle, tressaillit involontairement à ce contact rude et brutal.

— A-t-elle des petits pieds ! dit la gardienne qui, s’étant ensuite agenouillée, déchaussait Adrienne ; ils tiendraient tous deux dans le creux de ma main.

En effet, un petit pied vermeil et satiné comme un pied d’enfant, et çà et là veiné d’azur, fut bientôt mis à nu, ainsi qu’une jambe à chevilles