Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

malgré moi ; je tâche bien de me défendre de toute faiblesse, cependant il me semble que tout le monde trouverait comme moi ce qui se passe ici… étrange… effrayant.

Tout à coup, des cris, ou plutôt des hurlements sauvages, affreux, éclatèrent avec furie dans la pièce située au-dessus de celle où elle se trouvait, et peu de temps après, une sorte de piétinement sourd, violent, saccadé, ébranla le plafond, comme si plusieurs personnes se fussent livrées à une lutte énergique.

Dans son saisissement, Adrienne poussa un grand cri d’effroi, devint pâle comme une morte, resta un moment immobile de stupeur, puis s’élança à l’une des fenêtres fermées par des volets, et l’ouvrit brusquement.

Une violente rafale de vent mêlée de neige fondue fouetta le visage d’Adrienne, s’engouffra dans le salon, et, après avoir fait vaciller et flamboyer la lumière fumeuse de la lampe, l’éteignit…

Ainsi plongée dans une profonde obscurité, les mains crispées aux barreaux dont la fenêtre était garnie, mademoiselle de Cardoville, cédant enfin à sa frayeur si longtemps contenue, allait appeler au secours, lorsqu’un spectacle inattendu la rendit muette de terreur pendant quelques minutes.