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terreur qui la gagnait invinciblement, Adrienne appela à son aide la fermeté de son caractère, et voulut, comme on dit vulgairement, se raisonner.

— Je me serai trompée, dit-elle ; je n’aurai entendu qu’une chute ; le gémissement n’existe que dans mon imagination ;… il y a mille raisons pour que ce soit quelque chose, et non pas quelqu’un qui soit tombé… mais ces portes fermées… Peut-être on ignore que je suis ici ; on aura cru qu’il n’y avait personne dans cette chambre.

En disant ces mots, Adrienne regarda autour d’elle avec anxiété ; puis elle ajouta d’une voix ferme :

— Pas de faiblesse, il ne s’agit pas de chercher à m’étourdir sur ma situation… et de vouloir me tromper moi-même ; il faut au contraire la voir en face. Évidemment je ne suis pas ici chez un ministre ;… mille raisons me le prouvent maintenant… M. Baleinier m’a donc trompée… Mais alors dans quel but ? Pourquoi m’a-t-il amenée ici ? et où suis-je ?

Ces deux questions semblèrent à Adrienne aussi insolubles l’une que l’autre ; seulement il lui resta démontré qu’elle était victime de la perfidie de M. Baleinier.

Pour cette âme loyale, généreuse, cette cer-