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pièce, était une grande feuille de fer-blanc très-luisant. En s’approchant plus près, elle heurta un flambeau de bronze… ce flambeau était, comme la pendule, scellé au marbre de la cheminée.

Dans certaines dispositions d’esprit, les circonstances les plus insignifiantes prennent souvent des proportions effrayantes ; ainsi ce flambeau immobile, ces meubles attachés à la boiserie, cette glace remplacée par une feuille de fer-blanc, ce profond silence, l’absence de plus en plus prolongée de M. Baleinier, impressionnèrent si vivement Adrienne, qu’elle commença de ressentir une sourde frayeur.

Telle était pourtant sa confiance absolue dans le médecin, qu’elle en vint à se reprocher son effroi, se disant qu’après tout, ce qui le causait n’avait aucune importance réelle, et qu’il était déraisonnable de se préoccuper de si peu de chose.

Quant à l’absence de M. Baleinier, elle se prolongeait sans doute parce qu’il attendait que les occupations du ministre le laissassent libre de recevoir.

Néanmoins, quoiqu’elle tâchât de se rassurer ainsi, la jeune fille, dominée par sa frayeur, se permit ce qu’elle n’aurait jamais osé sans cette occurrence, elle s’approcha peu à peu de la pe-