Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

teur d’un air contrit et pénétré, car j’aurais l’air d’accepter une sorte de récompense… tandis que je suis mille fois payé par le plaisir même que j’éprouve à vous servir.

— Écoutez…, dit Adrienne sans paraître s’occuper des scrupules délicats de M. Baleinier, j’ai de puissantes raisons de croire qu’un immense héritage doit être dans un temps plus ou moins prochain partagé entre les membres de ma famille… que je ne connais pas tous… car, après la révocation de l’édit de Nantes, ceux dont elle descend se sont dispersés dans les pays étrangers, et ont subi des fortunes bien diverses.

— Vraiment ? s’écria le docteur, on ne peut plus intéressé. Cet héritage, où est-il ? de qui vient-il ? entre les mains de qui est-il ?

— Je l’ignore…

— Et comment faire valoir vos droits ?

— Je le saurai bientôt.

— Et qui vous en instruira ?

— Je ne puis vous le dire.

— Et qui vous a appris que cet héritage existait ?

— Je ne puis non plus vous le dire…, reprit Adrienne d’un ton mélancolique et doux qui contrasta avec la vivacité habituelle de son entretien. C’est un secret… un secret étrange… et lors ces moments d’exaltation dans les-