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lieu de ce qu’on appelle le monde élégant, la princesse ne reçut plus chez elle que des femmes d’une dévotion retentissante, des hommes importants, mais cités pour la sévérité outrée de leurs principes religieux et monarchiques. Elle s’entoura surtout de certains membres considérables du haut clergé ; une congrégation de femmes fut placée sous son patronage ; elle eut confesseur, chapelle, aumônier, et même directeur, mais ce dernier exerçait in partibus ; le marquis abbé d’Aigrigny resta véritablement son guide spirituel ; il est inutile de dire que depuis longtemps leurs relations de galanterie avaient complètement cessé.

Cette conversion soudaine, complète et surtout très-bruyamment prônée, frappa le plus grand nombre d’admiration et de respect ; quelques-uns, plus pénétrants, sourirent.

Un trait, entre mille, fera connaître l’effrayante puissance que la princesse avait acquise depuis son affiliation. Ce trait montrera aussi le caractère souterrain, vindicatif et impitoyable de cette femme qu’Adrienne de Cardoville s’apprêtait si imprudemment à braver.

Parmi les personnes qui sourirent plus ou moins de la conversion de madame de Saint-Dizier, se trouvait le jeune couple qu’elle avait désuni si cruellement avant de