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Lorsque celle-ci avait parlé d’intérêts très-importants dont on lui aurait caché l’existence, le docteur, très-fin, très-habile observateur, avait parfaitement remarqué l’embarras et les angoisses de la princesse et de M. d’Aigrigny.

Il ne douta pas que le complot dirigé contre Adrienne (complot qu’il servait aveuglément par soumission aux volontés de l’ordre) ne fût relatif à ces intérêts qu’on lui avait cachés, et que par cela même il brûlait de connaître ; car, ainsi que chaque membre de la ténébreuse congrégation dont il faisait partie, ayant forcément l’habitude de la délation, il sentait nécessairement se développer en lui les vices odieux inhérents à tout état de complicité, à savoir, l’envie, la défiance et une curiosité jalouse.

On comprendra que le docteur Baleinier, quoique parfaitement résolu de servir les projets de M. d’Aigrigny, était fort avide de savoir ce qu’on lui avait dissimulé ; aussi, surmontant ses hésitations, trouvant l’occasion opportune et surtout pressante, il dit à Adrienne après un moment de silence :

— Je vais peut-être vous faire une demande très-indiscrète. En tout cas, si vous la trouvez telle… n’y répondez pas…

— Continuez… je vous en prie.

— Tantôt… quelques minutes avant que l’on