Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui vous attend, qui vous appelle… Allons, mon cher M. Baleinier, soyez bon… ne repoussez pas sa prière… il est si doux de justifier la confiance qu’on inspire !…

Il y avait à la fois un rapprochement et une contradiction si extraordinaires entre l’objet de cette lettre écrite à l’instant même au médecin par le plus implacable ennemi d’Adrienne, et les paroles de commisération que celle-ci venait de prononcer d’une voix touchante, que le docteur Baleinier en fut frappé.

Il regarda mademoiselle de Cardoville d’un air presque embarrassé, et répondit :

— Il s’agit, en effet… de l’un de mes clients qui compte beaucoup sur moi… beaucoup trop même… car il me demande une chose impossible… Mais pourquoi vous intéresser à un inconnu ?

— S’il est malheureux… je le connais… Mon protégé pour qui je vous demande l’appui de votre ministre, m’était aussi à peu près inconnu… et maintenant, je m’y intéresse on ne peut plus vivement ; car, puisqu’il faut vous le dire, mon protégé est le fils de ce digne soldat qui a ramené ici, du fond de la Sibérie, les filles du maréchal Simon.

— Comment… votre protégé est…

— Un brave artisan… le soutien de sa fa-