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entourait leur front, donnaient un caractère plus candide encore à leurs fraîches et charmantes figures.

Les orphelines riaient et causaient, car malgré bien des chagrins précoces, elles conservaient la gaieté ingénue de leur âge ; le souvenir de leur mère les attristait parfois, mais cette tristesse n’avait rien d’amer, c’était plutôt une douce mélancolie, qu’elles recherchaient au lieu de la fuir ; pour elles, cette mère toujours adorée n’était pas morte… elle était absente.

Presque aussi ignorantes que Dagobert en fait de pratiques dévotieuses, car dans le désert où elles avaient vécu il ne se trouvait ni église ni prêtre, elles croyaient seulement, on l’a dit, que Dieu, juste et bon, avait tant de pitié pour les pauvres mères dont les enfants restaient sur la terre, que, grâce à lui, du haut du ciel, elles pouvaient les voir toujours, les entendre toujours, et qu’elles leur envoyaient quelquefois de beaux anges gardiens pour les protéger.

Grâce à cette illusion naïve, les orphelines, persuadées que leur mère veillait incessamment sur elles, sentaient que mal faire serait l’affliger et cesser de mériter la protection des bons anges.

À cela se bornait la théologie de Rose et de