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dans l’eau, il le secoua, le tordit pour en exprimer l’eau et se mit à fredonner entre ses dents ce vieux refrain de caserne :


 
De Tirlemont, taudion du diable,
Nous partirons demain matin,
Le sabre en main,
Disant adieu à… etc, etc.


(Nous supprimons la fin du couplet un peu trop librement accentuée.) Le silence auquel se condamnait Dagobert l’étouffait ; cette chanson le soulagea.

Morok, se tournant du côté des spectateurs, leur dit d’un air de contrainte hypocrite :

— Nous savions bien que les soldats de Napoléon étaient des païens qui mettaient leurs chevaux coucher dans les églises, qui offensaient le Seigneur cent fois par jour, et qui pour récompense ont été justement noyés et foudroyés à la Bérésina comme des Pharaons ; mais nous ignorions que le Seigneur, pour punir ces mécréants, leur avait ôté le courage, leur seule qualité !… Voilà un homme qui a insulté en moi une créature touchée de la grâce de Dieu, et il a l’air de ne pas comprendre que je veux qu’il me fasse des excuses… ou sinon…