Dagobert avait mis bas sa houppelande grise et relevé les manches de sa chemise ; d’une main vigoureuse il frottait, à grand renfort de savon, un petit mouchoir mouillé, étendu sur une planche, dont l’extrémité inférieure plongeait inclinée dans un baquet rempli d’eau ; sur son bras droit, tatoué d’emblèmes guerriers rouges et bleus, on voyait des cicatrices profondes à y mettre le doigt.
Tout en fumant leur pipe et en vidant leur pot de bière, les Allemands pouvaient donc à bon droit s’étonner de la singulière occupation de ce grand vieillard à longues moustaches, au crâne chauve et à la figure rébarbative, car les traits de Dagobert reprenaient une expression dure et renfrognée lorsqu’il n’était plus en présence des petites filles.
L’attention soutenue dont il se voyait l’objet commençait à l’impatienter, car il trouvait fort simple de faire ce qu’il faisait.
À ce moment, le Prophète entra sous le porche ; avisant le soldat, il le regarda très-attentivement pendant quelques secondes ; puis s’approchant, il lui dit en français d’un ton assez narquois :
— Il paraît, camarade, que vous n’avez pas confiance dans les blanchisseuses de Mockern ?
Dagobert, sans discontinuer son savonnage,