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— Comment ! monsieur… vous ignorez quelle somme ?…

— Oui, mademoiselle, et je viens vous demander… non-seulement la somme qu’il me faut… mais encore quelle est la somme qu’il me faut ?

— Voyons, monsieur, dit Adrienne en souriant, expliquez-moi cela… malgré ma bonne volonté, vous sentez que je ne devine pas tout à fait ce dont il s’agit…

— Mademoiselle, en deux mots, voici le fait : J’ai une bonne vieille mère qui, dans sa jeunesse, s’est ruiné la santé à travailler pour m’élever, moi et un pauvre enfant abandonné qu’elle avait recueilli ; à présent, c’est à mon tour de la soutenir, c’est ce que j’ai le bonheur de faire… Mais pour cela, je n’ai que mon travail. Or, si je suis hors d’état de travailler, ma mère est sans ressources.

— Maintenant, monsieur, votre mère ne peut manquer de rien, puisque je m’intéresse à elle…

— Vous vous intéressez à elle, mademoiselle ?

— Sans doute.

— Vous la connaissez donc ?

— À présent, oui…

— Ah ! mademoiselle, dit Agricol avec émotion après un moment de silence, je vous com-