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bord et surtout occupée d’écouter et de retenir les moindres paroles de sa maîtresse, qui, fort intéressée à l’endroit de l’Adonis des bords du Gange, comme elle disait, continua la lecture de la lettre du régisseur :

« Un des compatriotes du prince indien, qui a voulu rester auprès de lui pour le soigner, m’a laissé entendre que le jeune prince avait perdu dans le naufrage tout ce qu’il possédait… et qu’il ne savait comment faire pour trouver le moyen d’arriver à Paris, où sa prompte présence était indispensable pour de grands intérêts… Ce n’est pas du prince que je tiens ces détails, il paraît trop digne, trop fier pour se plaindre ; mais son compatriote, plus communicatif, m’a fait ces confidences en ajoutant que son jeune compatriote avait éprouvé déjà de grands malheurs, et que son père, roi d’un pays de l’Inde, avait été dernièrement tué et dépossédé par les Anglais… »

— C’est singulier, dit Adrienne en réfléchissant, ces circonstances me rappellent que souvent mon père me parlait d’une de nos parentes qui avait épousé dans l’Inde un roi indien auprès duquel le général Simon, qu’on vient de faire maréchal, avait pris du service…

Puis s’interrompant, elle ajouta en souriant :

— Mon Dieu, que ce serait donc bizarre !… il