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Adrienne, pendant que ses femmes finissaient de la chausser, de la coiffer et de l’habiller, prit cette lettre, que lui écrivait le régisseur de la terre de Cardoville, et qui était ainsi conçue :


« Mademoiselle,


« Connaissant votre bon cœur et votre générosité, je me permets de m’adresser à vous en toute confiance. Pendant vingt ans, j’ai servi feu M. le comte-duc de Cardoville, votre père, avec zèle et probité ; je crois pouvoir le dire… Le château est vendu, de sorte que moi et ma femme nous voici à la veille d’être renvoyés et de nous trouver sans aucune ressource ; et, à notre âge, hélas ! c’est bien dur, mademoiselle… »

— Pauvres gens…, dit Adrienne en s’interrompant de lire ; mon père, en effet, me vantait toujours leur dévouement et leur probité.

Elle continua.

« Il nous resterait bien un moyen de conserver notre place ;… mais il s’agirait pour nous de faire une bassesse, et quoi qu’il puisse nous arriver, ni moi ni ma femme ne voulons d’un pain acheté à ce prix-là… »

— Bien, bien… toujours les mêmes…, dit