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grecque découvrait son cou charmant et ses jolis bras jusqu’à l’épaule.

La physionomie de ces jeunes filles était riante, heureuse ; on ne lisait pas sur leurs traits cette expression d’aigreur sournoise, d’obéissance envieuse, de familiarité choquante, ou de basse déférence, résultats ordinaires de la servitude.

Dans les soins empressés qu’elles donnaient à Adrienne, il semblait y avoir autant d’affection que de respect et d’attrait ; elles paraissaient prendre un plaisir extrême à rendre leur maîtresse charmante. On eût dit que l’embellir et la parer était pour elles une œuvre d’art, remplie d’agrément, dont elles s’occupaient avec joie, amour et orgueil.

Le soleil éclairait vivement la toilette placée en face de la fenêtre ; Adrienne était assise sur un siège à dossier peu élevé ; elle portait une longue robe de chambre d’étoffe de soie d’un bleu pâle, brochée d’un feuillage de même couleur, serrée à sa taille, aussi fine que celle d’une enfant de douze ans, par une cordelière flottante ; son cou, élégant et svelte comme un cou d’oiseau, était nu, ainsi que ses bras et ses épaules, d’une incomparable beauté ; malgré la vulgarité de cette comparaison, le plus pur ivoire donnerait seul l’idée de l’éblouissante blancheur