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Lutine, qui n’avait pas reculé d’un pouce depuis l’apparition de Monsieur, le regardait vaillamment d’un air de défi, et s’avança même vers lui d’un air si décidément hostile, que le carlin, trois fois plus gros que la petite King’s-Charles, poussa un cri de détresse et chercha un refuge derrière madame Grivois.

Celle-ci dit à Georgette avec aigreur :

— Il me semble, mademoiselle, que vous pourriez vous dispenser d’agacer votre chien, et de le lancer sur le mien.

— C’est sans doute pour mettre ce respectable et vilain animal à l’abri de ce désagrément-là, qu’hier soir vous avez essayé de perdre Lutine en la chassant dans la rue par la porte du jardin. Mais heureusement, un brave et digne garçon a retrouvé Lutine dans la rue de Babylone, et l’a rapportée à ma maîtresse. Mais à quoi dois-je, madame, le bonheur de vous voir si matin ?

— Je suis chargée par la princesse, reprit madame Grivois, ne pouvant cacher un soupir de satisfaction triomphante, de voir à l’instant même mademoiselle Adrienne… Il s’agit d’une chose très-importante que je dois lui dire à elle-même.

À ces mots, Georgette devint pourpre, et ne put réprimer un léger mouvement d’inquiétude