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tard… et je devais être aux ateliers à huit heures…

— C’est trop juste, mon garçon… Allons… c’est partie remise… À mon retour de Chartres… Embrasse-moi encore une fois, et sauve-toi…

Depuis que Dagobert avait parlé à Gabriel de contrainte, d’oppression, ce dernier était resté pensif… Au moment où Agricol s’approchait pour lui serrer la main et lui dire adieu, le missionnaire lui dit d’une voix grave, solennelle et d’un ton décidé qui étonna le forgeron et le soldat :

— Mon bon frère… un mot encore… J’étais aussi venu pour te dire que d’ici à quelques jours… j’aurai besoin de toi… de vous aussi, mon père… Laissez-moi vous donner ce nom, ajouta Gabriel d’une voix émue en se retournant vers Dagobert.

— Comme tu nous dis cela !… qu’y a-t-il donc ? s’écria le forgeron.

— Oui, reprit Gabriel, j’aurai besoin des conseils et de l’aide… de deux hommes d’honneur, de deux hommes de résolution ;… je puis compter sur vous deux, n’est-ce pas ? à toute heure… quelque jour que ce soit… sur un mot de moi… vous viendrez ?

Dagobert et son fils se regardèrent en silence,