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— Mais lorsque la persuasion échoue…, dit Agricol.

— Que veux-tu, mon frère ?… on meurt pour sa croyance… en plaignant ceux qui la repoussent… car elle est bienfaisante à l’humanité.

Il y eut un moment de profond silence après cette réponse faite avec une simplicité touchante.

Dagobert se connaissait trop en courage pour ne pas comprendre cet héroïsme à la fois calme et résigné ; ainsi que son fils, il contemplait Gabriel avec une admiration mêlée de respect.

Gabriel, sans affectation de fausse modestie, semblait complètement étranger aux sentiments qu’il faisait naître ; aussi, s’adressant au soldat :

— Qu’avez-vous donc ?

— Ce que j’ai ! s’écria le soldat, j’ai qu’après trente ans de guerre… je me croyais à peu près aussi brave que personne… et je trouve mon maître… et ce maître… c’est toi…

— Moi… que voulez-vous dire ?… qu’ai-je donc fait ?…

— Mordieu ! sais-tu que ces braves blessures-là (et le vétéran prit avec transport les mains de Gabriel) sont aussi glorieuses… sont plus