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Dagobert, tenant Rose et Blanche par la main, parut sur le seuil…

Au lieu de se jeter dans les bras de son mari… Françoise tomba à genoux… et pria.

Élevant son âme à Dieu, elle le remerciait avec une profonde gratitude d’avoir exaucé ses vœux, ses prières, et ainsi récompensé ses offrandes.

Pendant une seconde, les acteurs de cette scène restèrent silencieux, immobiles.

Agricol, par un sentiment de respect et de délicatesse, qui luttait à grand’peine contre l’impétueux élan de sa tendresse, n’osait pas se jeter au cou de Dagobert ; il attendait avec une impatience à peine contenue que sa mère eût terminé sa prière.

Le soldat éprouvait le même sentiment que le forgeron ; tous deux se comprirent : le premier regard que le père et le fils échangèrent exprima leur tendresse, leur vénération pour cette excellente femme, qui, dans la préoccupation de sa religieuse ferveur, oubliait un peu trop la créature pour le Créateur.

Rose et Blanche, interdites, émues, regardaient avec intérêt cette femme agenouillée, tandis que la Mayeux, versant silencieusement des larmes de joie à la pensée du bonheur d’Agricol, se retirait dans le coin le plus obscur