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des femmes est d’une injustice révoltante, d’une barbarie sauvage ; on les paye deux fois moins que les hommes qui s’occupent pareillement de couture, tels que tailleurs, giletiers, gantiers etc., etc. Cela sans doute parce que les femmes travaillent autant qu’eux. Cela sans doute parce que les femmes sont faibles, délicates, et que souvent encore la maternité vient doubler leurs besoins.

La Mayeux vivait donc avec quatre francs par semaine

Elle vivait… c’est-à-dire qu’en travaillant avec ardeur douze à quinze heures chaque jour, elle parvenait à ne pas mourir tout de suite de faim, de froid et de misère, tant elle endurait de cruelles privations.

Privations… non.

Privation exprime mal ce dénûment continu, terrible, de tout ce qui est absolument indispensable pour conserver au corps la santé, la vie que Dieu lui a donnée, à savoir : un air et un abri salubres, une nourriture saine et suffisante, un vêtement chaud…

Mortification exprimerait mieux le manque complet de ces choses essentiellement vitales, qu’une société équitablement organisée devrait, oui, devrait forcément à tout travailleur actif et probe, puisque la civilisation l’a dépos-