Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/471

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par le temps, était placée entre les deux croisées ; un vieux fauteuil garni de velours d’Utrecht vert (premier présent fait à sa mère par Agricol), quelques chaises de paille et une table de travail où l’on voyait plusieurs sacs de grosse toile bise, tel était l’ameublement de cette pièce, mal close par une porte vermoulue ; un cabinet y attenant renfermait quelques ustensiles de cuisine et de ménage.

Si triste, si pauvre que semble peut-être cet intérieur, il n’est tel pourtant que pour un petit nombre d’artisans, relativement aisés ; car le lit était garni de deux matelas, de draps blancs et d’une chaude couverture ; la grande armoire contenait du linge ; enfin, la femme de Dagobert occupait seule une chambre aussi grande que celles où de nombreuses familles d’artisans honnêtes et laborieux vivent et couchent d’ordinaire en commun, bien heureux lorsqu’ils peuvent donner aux filles et aux garçons un lit séparé, bien heureux lorsque la couverture ou l’un des draps du lit n’a pas été engagé au mont-de-piété !

Françoise Baudoin, assise auprès du petit poêle de fonte, qui par ce temps froid et humide, répandait bien peu de chaleur dans cette pièce mal close, s’occupait de préparer le repas du soir de son fils Agricol.