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Rodin ne songeait pas à interrompre Gabriel : cette nouvelle secousse paralysait sa pensée. Enfin, comme un homme qui tente un dernier effort, quoiqu’il en sache d’avance la vanité, il dit à Gabriel :

— Et savez-vous quel est ce prince Djalma ?

— C’est un homme aussi bon que brave… le fils d’un roi indien dépouillé de son territoire par les Anglais.

Puis, se tournant vers l’autre naufragé, le missionnaire lui dit avec intérêt :

— Comment va le prince ? ses blessures sont-elles dangereuses ?

— Ce sont des contusions très-violentes, mais qui ne seront pas mortelles, dit l’autre.

— Dieu soit loué ! dit le missionnaire en s’adressant à Rodin ; voici, vous le voyez, encore un naufragé de sauvé.

— Tant mieux, répondit Rodin d’un ton impérieux et bref.

— Je vais aller auprès de lui, dit Gabriel avec soumission. Vous n’avez aucun ordre à me donner ?…

— Serez-vous en état de partir… dans deux ou trois heures, malgré vos fatigues ?

— S’il le faut… oui.

— Il le faut… vous partirez avec moi.

Gabriel s’inclina devant Rodin, qui tomba