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— Un mot encore, dit Rodin en l’interrompant ; je dois, je veux jouer cartes sur table et vous dire pourquoi j’insiste sur la préférence que je vous prie d’appuyer. Je serais désolé que vous vissiez dans tout ceci l’ombre d’une intrigue. Il s’agit simplement d’une bonne action. Le curé de Roiville, pour qui je réclame votre appui, est un homme auquel M. l’abbé d’Aigrigny s’intéresse particulièrement. Quoique très pauvre, il soutient sa vieille mère. S’il était chargé du salut de madame de la Sainte-Colombe, il y travaillerait plus efficacement que tout autre, car il est plein d’onction et de patience, et puis il est évident que par cette digne dame il y aurait quelques petites douceurs dont sa vieille mère profiterait… Voilà le secret de cette grande machination. Lorsque j’ai su que cette dame était disposée à acheter cette terre voisine de la paroisse de notre protégé, je l’ai écrit à M. le marquis ; il s’est souvenu de vous, et il m’a écrit de vous prier de lui rendre ce petit service, qui, vous le voyez, ne sera pas stérile. Car je vous le répète, et je vous le prouverai, j’ai le pouvoir de vous faire conserver comme régisseur.

— Tenez, monsieur, reprit Dupont après un moment de réflexions, vous êtes si franc, si obligeant, que je vais imiter votre franchise.