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C’est l’heure du repos, c’est l’heure où d’ordinaire la vitre de chaque chaumière s’illumine au joyeux pétillement du foyer rustique, et scintille au loin à travers l’ombre et la feuillée, pendant que des tourbillons de fumée, sortant des cheminées, s’élèvent lentement vers le ciel.

Et pourtant, chose étrange, on dirait que dans ce pays tous les foyers sont éteints ou déserts.

Chose plus étrange, plus sinistre encore, tous les clochers sonnent le funèbre glas des morts…

L’activité, le mouvement, la vie, semblaient concentrés dans ce branle lugubre qui retentit au loin.

Mais voilà que, dans ces villages, naguère obscurs, des lumières commencent à poindre…

Ces clartés ne sont pas produites par le vif et joyeux pétillement du foyer rustique… Elles sont rougeâtres comme ces feux de pâtre, aperçus le soir à travers le brouillard…

Et puis ces lumières ne restent pas immobiles. Elles marchent lentement vers le cimetière de chaque église.

Alors le glas des morts redouble ; l’air frémit sous les coups précipités des cloches ; et, à de