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C’est d’abord une clarté douce, bleuâtre, comme celle qui précède l’ascension de la lune… puis, cette clarté augmente, rayonne et se colore d’un rose léger.

Sur tous les autres points du ciel, les ténèbres redoublent ; c’est à peine si la blanche étendue du désert, tout à l’heure si visible, se distingue de la noire voussure du firmament.

Au milieu de cette obscurité, on entend des bruits confus, étranges.

On dirait le vol tour à tour crépitant ou appesanti de grands oiseaux de nuit qui, éperdus, rasent la steppe et s’y abattent.

Mais on n’entend pas un cri.

Cette muette épouvante annonce l’approche d’un de ces imposants phénomènes qui frappent de terreur tous les êtres animés, des plus féroces aux plus inoffensifs… Une aurore boréale, spectacle si magnifique et si fréquent dans les régions polaires, resplendit tout à coup…

À l’horizon se dessine un demi-globe d’éclatante clarté. Du centre de ce foyer éblouissant jaillissent d’immenses colonnes de lumière, qui, s’élevant à des hauteurs incommensurables, illuminent le ciel, la terre, la mer… Alors ces reflets, ardents comme ceux d’un incendie, glissent sur la neige du désert, empour-