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à l’hôte d’une voix altérée, qu’il tâchait de rendre calme. Je n’ai pas eu la patience de tantôt. Mais enfin cet homme ne doit-il pas être responsable de la perte de mon cheval ? Je vous en fais juge.

— Eh bien ! comme juge, je ne suis pas de votre avis. Tout cela est de votre faute. Vous aurez mal attaché votre cheval, et il sera entré sous ce hangar dont la porte était sans doute entr’ouverte, dit l’hôte, prenant évidemment le parti du dompteur de bêtes.

— C’est vrai, reprit Goliath, je m’en souviens ; j’avais laissé la porte entrebâillée la nuit, afin de donner de l’air aux animaux ; les cages étaient bien fermées, il n’y avait pas de danger…

— C’est juste ! dit un des assistants.

— Il aura fallu la vue du cheval pour rendre la panthère furieuse et lui faire briser sa cage, reprit un autre.

— C’est plutôt le Prophète qui doit se plaindre, dit un troisième.

— Peu importe l’avis des uns et des autres, reprit Dagobert, dont la patience commençait à se lasser, je dis, moi, qu’il me faut à l’instant de l’argent ou un cheval, oui, à l’instant, car je veux quitter cette auberge de malheur.

— Et je dis, moi, que c’est vous qui allez