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à sa femme, dont il était séparé depuis si longtemps, et qu’il espérait bientôt revoir.

Le soldat, rompant le silence qui durait depuis quelques minutes, prit les feuillets des mains de Blanche, les plia soigneusement, les mit dans sa poche et dit aux orphelines :

— Allons, courage, mes enfants… vous voyez quel brave père vous avez ; ne pensez qu’au plaisir de l’embrasser, et rappelez-vous toujours le nom du digne garçon à qui vous devez ce plaisir ; car sans lui votre père était tué dans l’Inde.

— Il s’appelle Djalma… Nous ne l’oublierons jamais, dit Rose.

— Et si notre ange gardien Gabriel revient encore, ajouta Blanche, nous lui demanderons de veiller sur Djalma comme sur nous…

— Bien, mes enfants, pour ce qui est du cœur, je suis sûr de vous, vous n’oublierez rien… Mais pour revenir au voyageur qui était venu trouver votre pauvre mère en Sibérie, il avait vu le général un mois après les faits que vous venez de lire, et au moment où il allait de nouveau entrer en campagne contre les Anglais ; c’est alors que votre père lui a confié ses papiers et la médaille.

— Mais cette médaille, à quoi nous servira-t-elle, Dagobert ?