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et j’ai tort, car plus tard on ne lui a pas reconnu ce titre et ce grade, parce que, après Montmirail… il y a eu un jour de deuil… de grand deuil, où de vieux soldats comme moi, m’a dit le général, ont pleuré, oui, pleuré… le soir de la bataille ; ce jour-là, mes enfants… s’appelle Waterloo.

Il y eut dans ces simples mots de Dagobert un accent de tristesse si profonde, que les orphelines tressaillirent.

— Enfin, reprit le soldat en soupirant, il y a comme ça des jours maudits… Ce jour-là, à Waterloo, le général est tombé couvert de blessures, à la tête d’une division de la garde. À peu près guéri, ce qui a été long, il demande à aller à Sainte-Hélène… une autre île au bout du monde où les Anglais avaient emmené l’empereur pour le torturer tranquillement ; car s’il a été heureux d’abord, il a eu bien de la misère, voyez-vous, mes pauvres enfants…

— Comme tu dis cela… Dagobert… tu nous donnes envie de pleurer !

— C’est qu’il y a de quoi… l’empereur a enduré tant de choses, tant de choses… il a cruellement saigné au cœur, allez… Malheureusement le général n’était pas avec lui à Sainte-Hélène, il aurait été un de plus pour le consoler ; mais on n’a pas voulu. Alors, exas-